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Oriane Jeancourt Galignani, Mourir est un art, comme tout le reste

By admin, 3 mars 2013 15:10

Et découvrir Sylvia Plath

 

Lire les premières pages abruptes de ce roman biographique, et découvrir Sylvia Plath dans la chair et le sang : la naissance de Nicholas, son deuxième enfant.

Puis découvrir Sylvia Plath dans les mots. Mots qui palpitent de l’écrivaine, suicidée à trente ans : Passer l’hiver dans une nuit sans fenêtre. Wintering

Cargo de trente ans, je laisse filer mon existence : Sylvia attendant la mort relit sa vie, questionne sa chute. Et pourquoi mourir à trente ans, belle, talentueuse, mère de deux jeunes enfants ?

Le ciel blanc se vide de ses promesses, comme un bol.

Le refus d’un manuscrit, la difficulté d’être mère ? La présence ou l’absence du mari, célèbre, tyrannique ? La vie compliquée d’une femme, différente, ce depuis toujours.

Sylvia égrène les souvenirs de son père : un émigré allemand, Otto Plath, qui pleure un ancien pays, lequel n’a peut-être jamais existé… L’Allemagne balayée par la guerre et le nazisme. Was ist los in unsere alte Welt ? Quelque chose de l’ancienne Allemagne dans la poésie de Sylvia ? Quelque chose de Heine, un souvenir de la Lorelei, de la gloire de Schiller. Mais peut-être un mythe, peut-être un rêve : la brume de l’Allemagne pré-hitlérienne s’envole, avec le suicide de Walter Benjamin :

Les claires voyelles s’élèvent comme des ballons.

Walter Benjamin mort en partance, Otto Plath agonisant dans l’exil américain. Et Sylvia reste seule : Je suis du magicien la fille qui ne bronche pas. Reste avec la culpabilité du peuple allemand. Coupable de son père, aussi.

Elle reste avec ses petits drames à elle : adultère, abandon du mari. « Une mort de plus avec laquelle il avait fallu vivre. »

Sylvia commence à partir, doucement. Pendant que « le monde ricane de sa petite tragédie. » Devient Marylin ou Médée. Devient une vieille femme à trente ans.

Et s’élève.

 

Mourir est un art, comme tout le reste, d’Oriane Jeancourt Galignani, Albin Michel, janvier 2013.

 Gwenaëlle Ledot.

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