RSS RSS

Posts tagged: tentation du rat

Patrick Grainville, La tentation du rat

By admin, 20 février 2008 13:18

La tentation du rat

 

Les premières pages retentissent haut et fort d’un génie tapageur. Grainville, le flamboyant, est de retour. La Main blessée, roman de 2005, soulignait d’un trait amer le desséchement artistique ; dans Lumière du rat, la création explose, violente, évidente. L’auteur entame, d’une plume lapidaire et dès les premières pages, la chair grasse et pleine d’un poulet, puis la chair maîtrisée de la jeune Clotilde. Le corps et l’esprit entrent dans la danse et suivent le même combat. Un rat surdoué et inattendu, Dante, fait montre de son talent meurtrier, tandis que des adolescents explorent leur corps en miroir. Les clichés d’Helmut Newton sont un autre fil rouge : Grainville en livre un commentaire-double, d’une perfection rare. A l’éclat minéral des fleurs répond la glace corporelle des modèles. Le ciel, la lumière des eaux claires, le lait de la peau, les corps nacrés rappellent L’Atelier du peintre (1988), et font songer qu’il est vraiment temps de relire Grainville, Prix Goncourt 1976 pour Les Flamboyants. L’artiste pourvoyeur de cendres, l’écrivain fossoyeur de La Main Blessée est bien loin : la plume puise sa force dans la vigueur du soleil et des corps. L’imaginaire pioche avec aisance dans l’univers décadent et le monde contemporain, soutenu par un style plein, sûr de lui-même. La lumière des magnolias et l’obscure clarté du rat se rencontrent : entre l’idéal mallarméen et la tentation bestiale, la lutte s’engage, infinie.

Patrick grainville, Lumière du rat aux éditions Fayard, janvier 2008, 21 euros.

Gwenaëlle Ledot.

Persephone Theme by Themocracy