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Loïc Herry, Crise de manque

By admin, 30 novembre 2010 8:20

Éditer la poésie.

L’édition de la poésie en France demeure le fait des grands éditeurs généralistes tels que Gallimard, Le Seuil, Flammarion, Mercure de France, ou d’autres plus spécialisés (Seghers ou Verdier). Parallèlement, et avec passion, gravitent un grand nombre de petites maisons d’édition, parfois sous forme associative, qui ont à cœur d’ouvrir leur portes à de jeunes auteurs. Loïc Herry a bénéficié de ce soutien, lorsqu’en 1991 François David, fondateur des éditions MØtus, décide de publier son recueil Éclats. Basée dans le Cotentin, à Urville-Nacqueville, cette maison d’édition, dont l’activité principale est la littérature de jeunesse, continue depuis plus de vingt ans à publier des poètes. Outre Loïc Herry et François David, on retrouve au catalogue Michel Besnier, Marc Solal et Guy Allix.

Dans sa postface au recueil Crise de manque, Arlette Albert-Birot rend hommage aux nombreuses revues qui contribuent, elles aussi, à perpétuer la mémoire des poètes : Traces, Noir et blanc, Digraphe… Parole tenue, parole ténue, divin opium. « C’est un écho redit par mille labyrinthes… »

« C’est la couleur, c’est la parole du monde, déchirant doucement les teintes de l’automne. » (Loïc Herry, Crise de manque)

Aujourd’huier…

« Aujourd’huier

La bruine mouvement gris

Perles de lumière sur le pavé

Du marché. »

D’hier, d’aujourd’hui, Loïc Herry nous parle. Le jeune homme, le poète, est décédé d’un cancer à l’âge de 36 ans. Mais les textes cheminent. En 2003, une maison d’édition du Québec (Écrits des Forges) publie le recueil Ouest. Aujourd’hui, en 2010, les éditions Dumerchez font paraître Crise de manque, mosaïque de sensations, hymne à Christel, sa compagne. Éclats vibrants dédiés au pouvoir du mot. Car « Rien ne finit jamais. »

Ses amis continuent, eux aussi, à écrire et à dire la vie de l’écrivain : un autre grand auteur normand, Guy Allix, a consacré à son confrère, « ce passant considérable » quelques pages précieuses. « La voix épouse les paysages, tout à tour plus douce, comme légèrement vallonnée, ou plus rauque, à flanc de falaise. » (guyallix.art.officelive.com)

Et Loïc Herry passe, dans les rues de Cherbourg, la pointe de la Hague, les hameaux du Perche. Sentant, ressentant, en cristal, laissant les choses et les êtres le traverser et emprunter sa voix.

« Mon doigt d’enfant dessinait des voyages

Sur les pages vivement colorées

Du plus petit atlas du monde. »

Loïc Herry a voyagé. Ne cherchant pas le monde, ou le pays, mais bien plutôt le mot et la sensation : de New-York à Tahiti, de Florence à Cherbourg. « Là-bas où il n’y a rien. »

Une voix clouée sur une porte ? La touche obstinée de son écriture perdure aujourd’hui, par le recueil Crise de manque. La juste préface d’Hubert Haddad nous le rappelle : le poète est le seul vivant. Qui oublie la parole des hommes ; se laisse guider par le chant des choses.

« Ecoute !

-          Comme si un dieu devait parler

Comme si tu étais celui qui doit entendre »

 

Car rien ne finit jamais.

 

Loïc Herry, Crise de manque, éditions Dumerchez, 2010, 59 pages, 17 euros.

Gwenaëlle Ledot.

 

 

Article paru dans le Normandie Magazine N°239 - octobre-novembre 2010. 

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