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Bruno de Cessole, Le moins aimé

By admin, 12 février 2010 14:34

Ce fripon de Sévigné !

Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné… Qui n’a pas lu, un jour, l’une de ces lettres adressées par la marquise à sa fille, la bien-aimée Madame de Grignan ? La voix alerte, les subtilités de la belle épistolière sont léguées à la postérité : grâce inimitable qui sème le mot choisi et le trait d’esprit, reconnaissables entre tous.

L’ouvrage de Bruno de Cessole, inscrit dans les marges, semble oublier un instant la fille et la mère pour faire entendre la voix du fils. Charles de Sévigné est, aussi, le « moins aimé » de la famille.

Sous sa plume, la musique du Grand Siècle charme l’oreille, tandis qu’une étonnante galerie de portraits enchante l’œil : l’on y croise Scarron et Louis XIV, la belle et brillante Ninon de Lenclos, Madame de La Fayette (grande amie de la marquise) et La Rochefoucauld, qui dispense au jeune Charles quelques conseils avisés. Les chantres de « l’extrême beauté » de la marquise de Sévigné s’y font entendre, çà et là.

Trois strophes du bonhomme La Fontaine, quelques pointes de Benserade, des stances de Saint-Pavin… Le lecteur goûte avec grand plaisir l’immense culture de Cessole. Se rappellent à lui, comme une bonne surprise, tous les Diafoirus de Molière, les longs romans de Mlle de Scudéry et l’esprit des salons.

Quant au fils, mal aimé ou moins aimé… Charles de Sévigné, délaissé par sa mère, grandit, séduit, (« ah, mon père, pourquoi m’avez-vous fait si beau ? »), fait la guerre… Trompettes et tambours se substituent aux madrigaux et épigrammes. « Quinze années à affronter tantôt la pluie, les bourrasques et le froid, tantôt les mousqueteries, les canonnades et les charges de l’ennemi. » Charles se heurte pourtant à l’incompréhension de sa mère, qui rejette ses choix, l’humilie à l’occasion et semble lui refuser la possibilité du bonheur. Le fils lui écrit une très longue lettre, l’aveu du moins aimé…

 Bruno de Cessole a reçu en janvier 2009 le prix des Deux Magots pour son précédent ouvrage, L’heure de la fermeture dans les jardins d’Occident.

Le moins aimé, Bruno de Cessole, éditions de La Différence, août 2009, 283 pages, 17 euros.

Article publié dans le Normandie Magazine N° 233 du 23 décembre 2009.

Gwenaëlle Ledot.

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